L'enthousiasme
de Ramond
Préfet en 1806 et pyrénéiste, Louis Ramond, baron de Carbonnières, s’est pris de passion pour la région de Bagnères de Bigorre. Cet alsacien géologue et botaniste est enthousiaste devant les vertes prairies si industrieusement arrosées et devant les maisons élégantes isolées au milieu de leurs dépendances. L’Adour ombragé d’arbres et les bosquets formant des masses sur les prairies interpellent sa curiosité. Il observe avec plaisir les routes propres, bien entretenues, l’abondance des fontaines, des canaux en pierre ou en bois pour conduire ou détourner les eaux et partout des petits ponts. Toutes les maisons et les prairies semblent se ressembler ; pourtant, chacune attire le regard, dit-il. Une haie bien taillée, une fontaine bien entretenue, un rocher dont on a gazonné les faces ou un autre dont la cime soutient un jardin, l’émerveille. La propreté des cours de maisons de cette vallée dont les portes ouvrent sur un gazon ou les étables dont "le fumier lui-même est un objet élégant" le ravit. À l’entrée de Bourg, il a vu les jardins, vignes, lauriers et figuiers témoins de la douceur de la température. Dès que les foins sont engrangés, les troupeaux qui descendent et gagnent les prairies afin de tondre encore une fois l’herbe que la faux a déjà rasée et, avant l’arrivée des moutons, les vaches qui se répandent sur toute une étendue que les faneuses ont abandonnée, montre l’ingéniosité pastorale des Bigourdans de cette vallée.
Quelle est verte
cette vallée
Ramond de Carbonnières, premier des pyrénéistes, est amoureux de la vallée de Campan. Sa beauté plaît autant à son jugement qu’à son imagination. Il y a la fraîcheur de ses prairies, la propreté des habitations, la vivacité des eaux, la disposition des bois et un charme pastoral répandu sur son ensemble, écrit-il. "La vallée de Campan est peut-être la seule contrée des Hautes-Pyrénées où son système rural, consacré uniquement à l’élevage, tende de lui-même à la perfection". L’admiration est de taille. Il célèbre aussi Bagnères "ce lieu charmant où le plaisir a ses autels, à côté ceux d’Esculape et veut être de moitié dans ses miracles, séjours délicieux, placé entre les camps de la Bigorre et les prairies de Campan, comme entre la richesse et le bonheur". Cette vallée est pour lui une "apparition anticipée du monde futur. Elle présente cet état de calme propre à toutes les vallées des Pyrénées, des Alpes, du Caucase, de l’Atlas, des Andes…". Cette admiration est partagée par La Boulinière, secrétaire général de la préfecture de Tarbes, qui déclare : "Le bourg de Campan occupe le centre d’un vallon délicieux et se trouve entouré d’une riche culture ; c’est là que commence à se déployer le brillant tableau des beautés pittoresques qu’offre la vallée de Campan. Cet endroit a tout l’air d’une ville et par son étendue et par la qualité de ses maisons".
La bastide
de Trie-sur-Baïse
Voici un modèle de plaquette que je recommande chaudement à tous les syndicats d’initiative ou offices de tourisme de notre département. Tout y est plaisant : le format, la couleur de fond, l’illustration de couverture, la documentation photographique, la rédaction et la véracité des textes, le prix modique de 2 €. Une réussite pour l’équipe des 4 rédacteurs et 2 photographes. Des chapitres courts, documentés, disent tout sur la fondation de cette bastide, en 1323, ses débuts laborieux dans une époque calamiteuse : peste, saccages par les bandes anglaises, destructions en tout genre, siège. Puis, le blason de Trie-sur-Baïse, véritable identité visuelle de la commune, l’âge d’or de la ville au XVe siècle, fléaux à répétition au XVIe, vicissitudes du XVIIIe avec le passage des alliés de Wellington accroché aux basques du maréchal Soult et insurrection des paysans, en 1832. Ensuite, l’église des Carmes, son cloître dont on retrouve 48 chapiteaux sur 80 au jardin Massey de Tarbes, la chapelle Notre-Dame des Neiges du XIVe et l’église paroissiale du XVe, les sept cloches de Trie fondues à la Révolution, les cagots, les enceintes de la bastide, tours et murailles, la place de la mairie, la halle, les padouens, terrains vagues servant à la paissance des bêtes, les hôpitaux, la halle aux porcs, la digue et les abords de la Baïse. Enfin, un utile petit lexique et un dépliant pour une visite.