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Chroniques de la Mémoire
des Officiers vicquois

N° 130-131-132

Les officiers vicquois
   
Jean Junca-Lasmues est lieutenant-colonel de Dragons dans le régiment de René de Froulay, maréchal de Tessé. Il devance tout le monde lorsqu’il s’agit d’acheter fort cher, 8000 livres, l’office de maire de Vic-en-Bigorre, le 27 août 1692. Il y a de la concurrence pour obtenir ce poste qui offre de multiples avantages. Le maire est député de la communauté villageoise à l’assemblée des États. Il jouit du titre et privilèges de la noblesse s’il exerce pendant une période de vingt ans et ses descendants jouiront des mêmes avantages s’il décède dans l’exercice de sa fonction. Il prend le pas sur tous les autres magistrats de la ville. Il est exempt de tutelle, de la Taille, du guet et de la garde, du service du ban et de l’arrière-ban, des droits d’octroi et, surtout, du logement des gens de guerre. En résumé, de toutes charges et contributions. Dernier avantage décisif, il s’agit d’avancer le capital demandé qui sera donné au Roi, mais il sera remboursé, peu à peu, par la commune. Cette créance est privilégiée et prioritaire sur toutes les autres. Les gages annuels sont de l’ordre du 1/25e du capital, soit 320 livres. Jean Junca-Lasmues occupe sa fonction jusqu’en mars 1717, date où la Bésiau décide de racheter sa charge, à raison de 1000 livres par an. Le logement des gens de guerre est la plaie sociale du XVIIe siècle et a pour origine la guerre de Dévolution - 1667-1668 - et la guerre de Hollande - 1672-1678. De nouveaux impôts sont créés pour couvrir les frais de la guerre. Au début de l’année 1676, une compagnie de 160 maîtres - noms anciens des cavaliers de Dragons - contre les révoltés. Le 22 mars 1676, cette compagnie loge à Vic-en-Bigorre. Les vicquois sont pillés, battus et rançonnés et portent plainte au Sénéchal mais les officiers vicquois seront, eux, dispensés du logement des gens de guerre.

Cavalerie Louis XIV

col. Claude Larronde

Infanterie Louis XV

col. Claude Larronde

Les officiers vicquois

Costabadie, lieutenant-colonel au régiment de Charolais, est chevalier de l’ordre de Saint-Louis. Il s’éteint à l’âge de 90 ans. Jacques de Cazenave, aîné, sert comme mousquetaire du Roi durant la guerre que fit le maréchal de Luxembourg. Guillaume Cazenave, le deuxième frère, commence son service en 1687, à l’académie des cadets de Tournai, en Flandre. Il est lieutenant dans le Piémont et reçoit un coup de mousquet au siège de Montmélian, en Savoie. Le Roi lui accorde une compagnie dans Gâtinais et, ensuite, celle des grenadiers. Il obtient une pension avec la croix de Saint-Louis. Puis, il est fait lieutenant-colonel de ce même régiment. Depuis 1661, le lieutenant-colonel est choisi pour sa compétence et il devient la cheville ouvrière du régiment. Pour ses qualités militaires, il est placé à côté du colonel qui ne doit sa place qu’à sa fortune ou à sa naissance. Guillaume Cazenave suit dans toutes les batailles d’Italie Nicolas de Catinat, seigneur de Saint-Gratien, commandant en chef de l’armée de Piémont et Louis Joseph de Bourbon, duc de Vendôme. En leur absence, les deux chefs lui confient 3000 hommes dans la vallée de Queyras. À la Régence, il est lieutenant du Roi, à Philippeville. Jacques Cazenave, le troisième frère, seigneur de Silhac, dit capitaine Saint Jean, est tué à la tête du régiment de Tessé-Dragons d’un coup de mousquet à la bataille de la Marsaille - Savoie - en octobre 1693. Le quatrième frère, seigneur de Giscaro et capitaine dans Gâtinais, servira une vingtaine d’années. Il est tué à Annecy dans des circonstances inconnues. Jean, le cadet, lieutenant des Dragons, est, à 13 ans, au régiment de Navarre. Jean de Cazenave, fils de Jacques, l’aîné, suit Guillaume, son oncle, sur tous les sièges, dès l’âge de 10 ans ! Il sera reçu officier dans ce même régiment.

Les officiers vicquois

Pujo Lafitole est promu, le 18 décembre 1695, lieutenant au régiment des gardes françaises. Il sera fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis. Pujo Bordun - village limitrophe d’Artagnan disparu lors de la grande peste de 1348 - son frère, est capitaine dans le régiment du Roi. Au XVIIe siècle, les hommes de guerre ont un privilège, celui de pouvoir fonder une chapelle. C’est ainsi que la chapelle du Saint-Esprit est fondée, le 1er août 1611, au couvent des Minimes, à Vic-en-Bigorre, par Jean de Pujo, seigneur de Baliron - commune de Camalès - qui lègue 300 livres entre les mains du père Albarel, correcteur des pères Minimes, pour la chapelle, les ornements et les aubes. Il déclare y élire sépulture pour lui et sa famille, veut être affilié à l’ordre mendiant et offre calice et ornements pour les diacres et sous-diacres. Les deux frères eurent une fin cruelle. Le premier passa d’une fièvre maligne et le second de ne pas vouloir répondre à un qui vive ? Ou qui va là ? Un Pujo de Lafitole, cousin de ces deux frères, mourut à la bataille de Nerwinden (Belgique), en 1693. François de Montmorency-Bouteville, duc de Luxembourg, maréchal de France, y battit Guillaume d’Orange. On le surnomma le “tapissier de Notre-Dame” tant étaient nombreux les drapeaux pris à l’ennemi que l’on y exposait. Jean François Pujo Labatut, capitaine dans le régiment de vaisseaux,est nommé inspecteur général des milices bourgeoises de Bigorre. Il décède le 28 janvier 1717, à l’âge de 80 ans. Etienne de Pujo, son fils, habitant à Lengros - Gers - fut lui aussi capitaine d’infanterie. Antoine Pujo est lieutenant au régiment de Soubise, en 1686. Il quitte le service armé pour entrer dans l’Église. Pourvu de la chapelle de Pujo, dans l’église Saint-Martin de Vic-en-Bigorre, il en devient le dignitaire prébendier. Ensuite, il devient conseiller de la reine Catherine de Navarre.

Cavalerie Louis XV

col. Claude Larronde