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Chroniques de la Mémoire
des Hautes-Pyrénées

N° 81-82

L'abbaye

de Saint-Sever de Rustan

En feuilletant le bel ouvrage de Robert Bétirac sur les clochers des Hautes-Pyrénées "De clocher en clocher en H.P", je m’arrête sur l’église abbatiale Saint-Pierre-aux-liens de Saint-Sever de Rustan. Fondé vers le IXe siècle, le monastère bénédictin est un relais important pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle avant de subir les méfaits de la guerre de Cent Ans. L’église et les bâtiments conventuels sont incendiés par des troupes protestantes, en 1593, qui pillent le village et massacrent ses habitants. Plusieurs années plus tard, Michel de Sabathier restaure l’église ainsi que les bâtiments du couvent. Au XVIIIe siècle, l’église est embellie par Dom Charles Lacroix, abbé de la congrégation de Saint-Maur, qui s’occupe de l’abbaye depuis 1646. L’abbatiale romane a été bâtie sur un plan en croix latine, son abside à sept pans est de style gothique. Au XIVe siècle, le chevet fut surmonté de merlons et les combles, avec un étroit chemin de ronde, furent disposés pour compléter la défense de l’abbaye. Une tour carrée supporte le modeste clocher actuel d’époque moderne. Ses murs épais sont surmontés d’un toit octogonal en tuiles qui protège l’étage campanaire et voisine avec un curieux cadran d’horloge. Une petite visite est indispensable.

Les platanes du Sendreix

Lors d’une récente visite à une foire à la brocante gersoise, j’ai trouvé une carte postale écrite, l’été 1950, par un certain Rolland qui envoyait ses amitiés à des amis girondins. Elle montre une place du Sendreix, magnifiquement arborée, dont les ramures feuillues surplombaient le Liberté Égalité Fraternité sommital de la mairie vicquoise. Le souvenir des 22 platanes qui émaillaient la place est toujours vivant dans les mémoires des plus anciens. Place Sendreix, contraction de Saint-Erex, dernier refuge des ancêtres, cœur de la cité, les populations pastorales y célébraient le culte au dieu Mars, à l’équinoxe de printemps. Un petit temple, appelé dans les textes "fanum Sancti Erexi", évoquait un lieu de prière qui, devenu chapelle, fut détruite par la rage huguenote, en 1589. Elle jouissait de la ferveur populaire et le cimetière, sur lequel se tenaient les assemblées communales de la Béziau, fut quelque peu éventré lors de l’arrachage qui fit tant souffrir les Vicquois, en avril 1950. Elle en avait pourtant connu des cérémonies particulières cette place. Notamment, le 9 juin 1794, jour de Pentecôte, devant une population ébahie, une fête à la gloire de l’Être Suprême sur l’autel de la patrie, dressé en son milieu, dans le but "de développer le civisme et la morale républicaine". La place de la Fédération, qui n’était déjà plus un cimetière depuis 1785, redeviendra du Cendrés, peut-être en souvenir des cendres vicquoises à jamais ensevelies.