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Chroniques de la Mémoire
des Officiers vicquois

N° 127-128-129

Cavalerie XVIIe siècle

col. Claude Larronde

Les premiers officiers vicquois

D’après le témoignage de Guillaume Lanes, Jacques Ugues avait été agressé un jour de marché et assailli avec une telle sauvagerie qu’après lui avoir donné plusieurs coups d’épée, Arnaud Tribons le poursuivit dans une maison où Jacques Ugues se réfugia, ne pouvant pas tirer sa lame du fourreau. Il le laissa mort, emportant son épée, ce qui était, pour l’habitant de Clarac, digne du dernier supplice. Si le condamné était rattrapé, il serait dirigé vers la place de l’Echez où le meurtre avait eu lieu, près du grand portail de la dernière tour d’Arré - à la sortie ouest de la rue du Château - de la ville, monterait sur l’échafaud et là, on lui romprait et briserait bras et jambes et il y demeurerait jusqu’au lendemain, la tête tranchée et séparée de son corps. L’affaire fut jugée au parquet royal, dans la maison de ville de Vic-en-Bigorre. Etaient présents : maître Guillaume Beray, consul, Jean Sarlabon, assesseur et rapporteur du procès criminel intenté à la requête de noble Jacques Ugues, sieur de Poüy et Paul Ugues, sieur de Clarac, frères de la victime. Les assistants au rapport : maîtres Antoine Pujo, Guillaume Cassaignard, Antoine Filbet et Jean Dupont. Le docteur Jean-Pierre Dupont et le praticien Guillaume Lanes suivirent le rapporteur dans sa conclusion. Détenu dans la prison d’Orléans, Arnaud Tribons sera absous du meurtre et remis en liberté par l’Evêque, en vertu du privilège qu’ont les évêques d’Orléans de libérer les prisonniers détenus le jour de leur entrée en ville et de la prise de possession de leur siège. Le 14 janvier 1649, il déclare au notaire vicquois Monde qu’il fut gracié par Alphonse d’Albéric, évêque d’Orléans et qu’il donna 250 livres pour frais de procès et condamnation par défaut par les Consuls de Vic.

Les premiers officiers vicquois

L’exécuteur testamentaire de Laurent Trebons est son ami Guillaume Lafargue de Labordenne reçu dans la 1re compagnie des Mousquetaires du Roi, en 1688. Il participe aux sièges de Mons et de Namur, en juin 1692, lors de la guerre contre la Ligue d’Augsbourg. Il y obtient pension du Roi et la croix de Saint-Louis qui récompense la valeur guerrière. Ensuite, il passe au régiment des gardes françaises. Il y est reçu sous-lieutenant puis lieutenant des gardes. Il s’expose beaucoup et sa bravoure lui vaut l’estime de son colonel Antoine III, duc de Gramont, maréchal de France et celle des officiers des deux illustres corps : mousquetaires et gardes françaises où il y servira pendant trente ans. En 1698, les frères Montesquiou, seigneurs d’Artagnan, sont l’un, lieutenant général et l’autre, lieutenant des mousquetaires. Le lieutenant général de l'époque est un général en chef dont le grade ne s’achète pas. Il semble que ce personnage soit Pierre de Montesquiou, comte d’Artagnan, maréchal de France, décédé à Bayonne, en 1725. À ne pas confondre avec son cousin, Charles de Batz de Castelmore, comte de Montesquiou et seigneur d’Artagnan, capitaine des gardes du Roi en 1656, puis sous-lieutenant en 1658, nommé maréchal de camp, en 1662 et gouverneur de la place de Lille, en 1672, avant d’être atteint d’une balle à la gorge, à la bataille de Maastricht en juin 1673. Les Montesquiou devinrent seigneurs d’Artagnan par le mariage de Paulon de Montesquiou, écuyer de Henri d’Albret, roi de Navarre, avec Jaquette d’Estaing - canton d’Aucun - sœur de Jean II d’Estaing, seigneur d’Artagnan, le 23 août 1524. Ils cherchent à échanger une de leurs terres qu’ils donneront à Versailles contre l’achat du domaine royal vicquois composé des terres nobles de Baloc, Saubanha et La Dieuzaide. L’affaire est d’importance.

Armement

col. Claude Larronde

Infanterie Louis XIV

col. Claude Larronde

Les premiers officiers vicquois

En 1643, le domaine royal vicquois est acquis par la Ville au prix de 15500 livres. Criblée de dettes en 1659, les Consuls vendent pour 4800 livres à Manaud de Monda, alors maréchal de camp, les parcelles du domaine appartenant aux "étrangers" à la commune. C’est ce lot dont il est question dans la transaction des Montesquiou. C’est l’émotion dans Vic où il n’est aucunement question d’être soumis à un seigneur particulier. On s’adresse alors à Laurent Trébons et à Jean-Pierre de Labordenne, frère de Guillaume, prêtre, prieur commendataire d’Arques et premier aumônier des mousquetaires. Une longue négociation s’engage avec Louis Phelypeaux, comte de Pontchartrain, ministre et secrétaire d’État et les seigneurs d’Artagnan. Les émissaires des vicquois expliquent à M. le Ministre qu’il y a plusieurs officiers vicquois au service de Sa Majesté et qu’il serait disgracieux pour eux d’être sous la main d’un d’Artagnan quand ils prendraient leur retraite chez eux. On lui remet une liste de noms d’officiers qui le laisse admiratif. Il leur accorde sa protection auprès du Roi et la préférence pour l’acquisition du domaine royal. En bon diplomate, M. de Pontchartrain obtient pour les ambitieux d’Artagnan le droit de pêche et de chasse sur le terroir de Baloc circonvoisin et tout rentre dans l’ordre. Pour remerciement, Guillaume de Labordenne est nommé gouverneur de Vic-en-Bigorre, en 1699, car toute ville close doit avoir un gouverneur. Cette charge de gouverneur bénéficie de privilèges. Elle sera rapidement payée par la communauté vicquoise et donne droit à toutes les exemptions fiscales dont les principales sont la capitation, depuis 1695 et le dixième, sur les revenus fonciers et commerciaux, après 1710. Guillaume de Labordenne décède à son poste, le 13 mars 1750, à l’âge très respectable pour l’époque de 90 ans.