N° 49-50-51
École de garçons à Vic-en-Bigorre
Arcades du château de Séméac
Au XVIIe siècle, Henri (1619-1679), premier marquis de Séméac, comte de Toulonjon, Gramont et Asté, sénéchal et gouverneur de Gascogne, rase son château et le fait reconstruire avec une telle magnificence qu’on le surnomme " Le Petit Versailles ». Bâti près de l'Adour, les canaux, cascades et jets d'eau l'entourent et lui façonnent un embellisement sans égal. Si j'en crois l'érudit Bourdette, les jardins sont beaux et grands. Le premier est un parterre rempli de fleurs et de pots de jasmin d'Espagne et de myrte entrecoupé de petits canaux et de bassins exposés à la vue des appartements. Au bout du château, des bois, promenades et allées interrompues de petits et grands canaux sur l'un desquels bruit une belle cascade. Dans le bois, on peut voir cinq grands bassins et de petits rochers avec une litanie de jets d'eau. Derrière la maison, les potagers et vergers joignent l'orangerie devant trois grottes. Les canaux et fontaines les cernent et l'on trouve dans les potagers toutes sortes « d'herbages » et de légumes qu'on voit à Paris. Je ne détaille pas tous les fruits que l'on vend à la halle. La campagne d'alentour fournit du gibier à son seigneur et les canaux regorgent de poisson.Il y a même un lieu particulier où l'on nourrit les tortues. Le maître est tellement content de son domaine qu'il régale ses visiteurs de musique de timbales, tambours, fifres, trompettes et violons. Ah! La vie de château...
" Le Gave "
François Vilon
Photo Jean Omnès
Le "Gave"
de Lourdes
Parmi les sculpteurs bigourdans de la veine romantique, il en est un que l'on oublie régulièrement, François Vilon (1902-1995), le lourdais. Elève de Camille Raynaud aux Beaux-Arts de Toulouse, il est l'élève doué de Jean Boucher et de Firmin Michelet, aux Beaux-Arts de Paris. Le professeur bigourdan, sculpteur talentueux de la statue équestre du Mal Foch, à Tarbes, recommande ce doué du ciseau à la municipalité lourdaise, en 1928. Les commandes pleuvent : " La jeune fille à la chèvre", en 1931, "La Plénitude", en 1932, femme nue que l'on éloigna prestement du regard chaste des pèlerins, semble-t-il, "La Transhumance", en 1937 et «Le Gave», en 1951.Pour l'église de Lourdes, il sculpte, en granit des Pyrénées, les 4 bergères de France : Bernadette, Jeanne d'Arc, Geneviève et Germaine de Pibrac, ainsi que les 4 bergers : le curé d'Ars, Vincent de Paul, le père Garicoïts et Pascal Baylon. Médaille d'or au Salon des Artistes Français, en 1949, il fut professeur honoraire de la ville de Paris. Capitaine de réserve du Génie, il reçut la Croix de guerre 1939-1945, fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur, en 1955 et officier des Palmes Académiques, depuis 1938. Bravo donc à ce grand artiste dont l'œuvre fut toujours inspirée par ses Pyrénées natales.
Les jacquaires
Bagnérais
Pour être reçu confrère-pèlerin, nul ne pouvait l'être qu'il n'eût fait "pelerinaige et roumiaige en Compostelle". La preuve nécessaire était le cartel ou billet de confession délivré dans la basilique et signé par Mgr l'Archevêque. À ce moment-là, le dicton populaire voulait que l'on ait fait "sa Compostelle". En 1325, une confrérie est établie en l'église Saint-Vincent de Bagnères-de-Bigorre. Les Constitutions et Ordonnances écrites en gascon énoncent que les confrères, hommes et femmes, de retour de Saint-Jacques, devront se rendre à la messe et aux vêpres. Ils sont tenus de jurer en la main du prêtre-aumônier observance des statuts de ladite confrérie et ceci sous peine de payer demie livre d'huile sinon les bayles pouvaient les pignorer (saisir en gage) sans merci. Tout confrère doit venir aux premières vêpres de la fête de Saint-Vincent pour recevoir des bayles bagnérais les chandelles allumées qu'ils porteront jusqu'à l'église Saint-Jean en faisant procession par la ville. Ils sont tenus de préparer pour la confrérie cierges et chandelles ainsi que les repas à la Saint-Jacques. Les obligations du confrère sont multiples : toute messe à laquelle il assiste chez les Frères prêcheurs ou chez les Prébendés l'oblige à processionner autour de l'Église sous peine de payer demie livre d'huile. Dur, dur, le statut de pèlerin.